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Les ruptures de médicaments sont loin d’être endiguées en France, où elles sévissent désormais depuis de très longs mois. La situation reste toujours aussi complexe à gérer, tant pour l’Exécutif, que pour les industriels et évidemment pour les professionnels de santé et leurs patients. La récente publication par le gouvernement français de sa feuille de route 2024-2027 – qui ambitionne d’assurer un accès aux traitements et garantir une autonomie industrielle à la France – fait réagir le syndicat des industriels pharmaceutiques, qui continue à défendre une augmentation de prix indispensable pour enrayer la mauvaise dynamique. En sollicitant une analyse auprès de SKP, le Leem souhaite « objectiver l’impact des niveaux de prix sur l’aggravation des pénuries », en particulier concernant les médicaments essentiels.
Quels facteurs économiques expliquent les ruptures d’approvisionnement ?
Premier constat : le marché des médicaments essentiels est relativement concentré puisque 10 laboratoires commercialisent 58 % des présentations de spécialités essentielles en ville. On remarque, de plus, que 41 % des molécules sont produites par un seul laboratoire et que 65 % n’existent que sous une seule forme galénique. Les substitutions par des produits strictement équivalents sont donc régulièrement impossibles. Deuxième observation : le prix unitaire des produits de santé essentiels révèle « une sur-représentation des médicaments essentiels dans la classe des produits très peu chers, avec un prix inférieur à 25 centimes d’euro par unité ». Le cabinet précise qu’un tiers des traitements essentiels ont un prix unitaire inférieur à 0,25 €, tandis qu’un autre tiers ont un prix unitaire supérieur à 3,00 €. Enfin, le Leem met en avant que « les médicaments essentiels en France affichent en moyenne des prix plus bas, avec une variation allant de 14 % à 32 %, par rapport à l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne et le Royaume-Uni ». Un résultat à mitiger par le fait qu’il est obtenu en considérant les prix/mg les plus bas pour des substances actives identiques. De plus, cette tendance n’est pas observée pour les génériques ou affichant un prix unitaire inférieur à 25 centimes d’euro, pour lesquels « les prix sont globalement alignés ou même plus bas dans les autres pays européens. »
Le Leem continue donc d’alerter l’exécutif sur les bas prix des médicaments essentiels et la corrélation avec leur disponibilité. L’occasion pour sa directrice générale, Laurence Peyraut, de rappeler que si le prix des traitements innovants augmente, leur part du budget de l’Assurance maladie est passée de 11,7 % en 2010 à 8,9 % en 2023. Et de souligner l’une des propositions phares du syndicat : « accélérer les hausses de prix pour les produits dont les conditions économiques ne permettent pas de sécuriser leur production ou leur mise à disposition ». Un débat entre industriels et gouvernement qui n’a pas fini de se tarir…
Crédit photo : yusuf cap/gettyimages