Présentez-nous le groupe Océania !
Rozenn Branellec Dumon : Océania est un groupe hôtelier familial créé par mon père, il y a 50 ans. Il a commencé dans ce métier en tant que franchisé Accor. Par la suite, mon frère a rejoint l’aventure il y a une vingtaine d’années en tant que PDG et c’est à cette époque que la marque Océania Hotels a vu le jour. Nous avons ensuite également créé en 2014 la marque Nomad Hotels. Aujourd’hui, notre parc compte 31 établissements sur 19 destinations en France uniquement. Nous venons tout juste d’acquérir notre 31e hôtel, l’hôtel d’Anjou à Angers.
De mon côté, j’ai rejoint le groupe en 2010 après avoir travaillé 11 ans au marketing chez L’Oréal.
Quel est le positionnement des hôtels Océania ?
R. B. D. : nos établissements sont des hôtels de caractère, très éloignés des chaînes standardisées. Nous voulons à chaque fois raconter une histoire différente avec un fil conducteur, une thématique particulière, lié à l’histoire du bâtiment, son architecture ou encore sa localisation. À ce titre, nous investissons en permanence, à la fois en rénovant nos hôtels existants et en rachetant des hôtels que nous transformons en produits différenciants. Nous sommes de « vrais » hôteliers.
Et la marque Nomad ?
R. B. D. : l’éco-responsabilité est inscrite dans l’ADN de la marque Nomad avec l’ambition de réduire l’empreinte écologique de nos hôtels, de la construction à l’exploitation. Les établissements sont ainsi des constructions neuves, à énergie passive. Au niveau du choix des matériaux, par exemple, à Dijon, les plateaux de table sont faits en volants de badminton recyclés. À Roissy et au Havre, les moquettes sont fabriquées en filets de pêche recyclés. La dégressivité des tarifs est également au cœur du concept pour sensibiliser le client qui pourra gérer, avec une tablette, l’utilisation de la climatisation et la consommation d’eau de sa chambre.
Quels sont les projets et rénovations en cours ?
R. B. D. : l’année dernière, nous avons rénové notre hôtel Le Conti à Brest sur la thématique de l’Art déco. De son côté, l’Océania 4* de Saint-Malo, le vaisseau amiral du groupe qui génère 10 % de notre chiffre d’affaires grâce à un taux d’occupation et des prix moyens conséquents, a subi une rénovation d’ampleur. Sa dernière rénovation datait, en effet, de 15 ans. L’idée était de magnifier la vue sur l’océan, notamment en tournant les lits vers la mer. Par ailleurs, le bar a été déplacé au rez-de-chaussée pour que ce soit plus cocoon et un loft a été créé avec une vue somptueuse sur le port. En parallèle, nous avons racheté l’incroyable bâtisse de la banque Scalbert Dupont en plein cœur de Lille, un bâtiment patrimoine remarquable, que nous transformons en hôtel & spa 4 étoiles. L’ouverture est prévue au printemps 2025. L’hôtel proposera au sous-sol un espace bien-être doté d’une piscine de 8 x 4 m qui sera entourée des coffres-forts d’origine : une immersion sans précédent dans l’univers de la banque des années 30 ! Nous avons également racheté les hôtels Médian à Lyon et Paris 17e Porte de Clichy dont les réouvertures, après transformation, sont prévues pour 2025 et 2026.
Comment financez-vous vos projets ?
R. B. D. : nous avons en continu un parc de 3 à 4 hôtels en rénovation et/ou création requérant des investissements plus ou moins conséquents. Nous avons une capacité d’autofinancement, mais nous faisons également appel aux banques. Nous avons ainsi réalisé une importante levée de fonds de 92 M€ en 2023. La rénovation de Saint-Malo a représenté un investissement de 5 M€ et celui de Lille, de plus de 10 M€.
Comment vivez-vous la concurrence des plates-formes type Airbnb ?
R. B. D. : l’essor des plates-formes nous a permis de nous remettre en question, et pour cela, je les en remercie. Selon nous, l’hôtellerie ne répondait pas toujours aux attentes de la clientèle de loisirs, et notamment celle des familles, d’où le succès d’Airbnb. Face à cette nouvelle offre, nous avons étoffé nos services avec la création d’espaces bien-être avec piscine et travaillé l’aménagement de chambres modulables adaptées pour les familles.
Quelle est la part des réservations en direct ?
R. B. D. : nous avons procédé par deux fois à une refonte de notre site internet en 5 ans, ce qui a permis de booster la vente en ligne. Nous sommes très satisfaits car désormais, plus de 20 % des réservations se font via notre site contre 8 % auparavant. Et cette part devrait encore augmenter car nous allons réintégrer Nomad Hotels sur notre site Océania, les deux marques étant complémentaires.
Quant à la vente en direct, via les hôtels ou notre centrale de réservations, elle pèse près de 30 %.
Quelles sont vos priorités stratégiques ?
R. B. D. : la réussite des nouveaux drapeaux posés à Lille et Lyon est un gros challenge car nous n’étions jusqu’ici pas présents dans ces territoires.
Nous restons également à l’écoute d’opportunités dans d’autres régions comme Bordeaux, Strasbourg, Toulouse… À ce titre, nous sommes très flexibles et rapides dans nos décisions d’investissement.
Par ailleurs, nous voulons capitaliser sur notre marque ombrelle Océania pour laquelle nous avons aujourd’hui acquis une belle notoriété. Toutefois, nous gardons les pieds sur terre car le risque quand une entreprise grandit, c’est d’aller trop vite et de trop standardiser pour gagner en efficacité. C’est pourquoi nous privilégions une croissance maîtrisée de notre développement, nous permettant également de préserver l’esprit familial du groupe et la proximité avec nos collaborateurs et nos clients.
Fiche d’identité Dénomination : Océania Hotels
Activité : hôtellerie de caractère (3 et 4 étoiles)
Chiffre d’affaires 2023 : 75 M€ (+21 % vs 2022)
Parc : 31 unités (dont 3 Nomad) en France, 3 000 chambres
Web : www.oceaniahotels.com