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Après les États-Unis et une quinzaine d’autres pays, la France fait enfin partie des marchés adressés par le nouveau traitement phare du géant pharmaceutique danois, le Wegovy^®. S’il était déjà disponible depuis mi-2022 en « accès précoce » dans l’Hexagone pour quelques 8 000 français « privilégiés », la vanne de sélection vient de s’ouvrir pour une partie des 8 millions de français souffrant d’obésité, une condition médicale de plus en plus souvent qualifiée de pathologie chronique, que l’OMS définit comme une véritable épidémie. De longs mois d’attente laissant désormais place à l’espoir d’une perte de poids de 15 % à 17 %, en un an environ. En effet, le fléau du siècle ne disposait jusqu’alors de guère d’alternatives thérapeutiques, en dehors d’un changement de mode de vie – bien souvent insuffisant – ou du recours à la chirurgie bariatrique, réservée à une faible proportion de patients et particulièrement invasive tant d’un point de vue physique que psychologique.

Une molécule déjà commercialisée en France

Si le produit n’était jusqu’à présent pas disponible en officine, son homologue l’Ozempic^® est déjà accessible pour traiter le diabète. Basé sur la même molécule (le sémaglutide), à une concentration moindre, ce dernier a récemment fait l’objet de pénuries, en partie expliquées par le détournement de son utilisation première à des fins de coupe-faim justement. Un statut qui s’est amélioré depuis cet été, puisque l’industriel est désormais en mesure de distribuer son médicament, ainsi que le Wegovy^®, dont il assure avoir prévu des stocks suffisants pour la France.

Un accès conditionné à certains critères, sans être cependant remboursé

L’ANSM a précisé ses conditions de recours. Si l’initiation du traitement doit se faire par un spécialiste en endocrinologie-diabétologie-nutrition « conformément au parcours de soin de la HAS », son renouvellement peut se faire par un médecin généraliste. De plus, seuls les adultes de moins de 65 ans et présentant un indice de masse corporelle (IMC) initial de plus de 35 kg/m² sont éligibles. Enfin, le médicament ne peut être prescrit qu’en cas d’échec de la prise en charge nutritionnelle et en association à un régime hypocalorique et à une activité physique.

Si certains patients ont les moyens de payer de leur poche les quelques 300 € mensuels nécessaires pour se fournir le traitement, d’autres resteront dans l’attente d’une solution remboursée par la Sécurité sociale, voire les mutuelles. Un positionnement qui dépendra de la seconde évaluation du produit par la Haute Autorité de Santé dans les prochains mois. En effet, l’étude SELECT menée auprès de plus de 17 000 patients conclut non seulement à des effets amaigrissants, mais également à une diminution des risques d’accidents cardiovasculaires mortels, d’AVC non fatal et d’infarctus du myocarde chez les obèses. L’industriel espère ainsi que le niveau d’amélioration du service médical rendu sera estimé supérieur à celle de son autre produit, le médicament Saxenda^®.

Arrivé mardi dernier dans les officines, l’engouement semble déjà bien présent. L’intérêt de la communauté médicale et des patients suffiront-ils à contrebalancer son prix prohibitif et ses conditions d’accès strictes ? Novo Nordisk met donc un premier pied dans la porte, dans l’espoir que la HAS l’invite à entrer à la table des négociations avec le CEPS (Comité économique des produits de santé). Affaire à suivre…